Psaume CXVIII

Pendant la Guerre de 1939-1945, Léon Manière consacre au Havre, puis à Paris, une partie de ses activités créatrices à la composition d’un oratorio pour orchestre, orgue, soli et chœurs, inspiré du psaume CXVIII. Ce psaume composé par David après qu’il eut vaincu tous ses voisins et ramené la paix dans le royaume d’Israël, fut mis en vers par Gilbert en 1680.

Léon Manière en conçoit une vaste fresque musicale pour exprimer l’espoir de la délivrance et l’enthousiasme de la libération. Le Psaume CXVIII se divise en cinq parties dont la durée de l’exécution est estimée 1 heure 5 minutes. La partition, soumise à l’appréciation d’Eugène Bigot, Paul Ladmirault, Roland Manuel et Paul Le Flem, suscite des avis très élogieux. S’ensuit un projet d’exécution par l’Orchestre des Concerts Lamoureux sous la direction d’Eugène Bigot en 1946. Malheureusement les problèmes financiers considérables qui en découlèrent ne permirent pas son exécution.

 

PRESENTATION DU PSAUME CXVIII,
Oratorio en cinq parties pour Soli, Chœurs, Orgue et Orchestre,
par le compositeur

 

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Le Psaume CVXIII, composé par David, fut mis en vers français par Gilbert en 1680. A la suite des strophes de ce poème, le traducteur ajoute la note explicative suivante :

« David composa ce psaume après qu’il eut vaincu tous ses voisins et mis la paix dans le royaume d’Israël. Ce divin cantique est une manière d’opéra où David, les sacrificateurs, et le peuple, l’un après l’autre, tous ensemble chantent les louanges de Dieu. La personne qui vient au nom du Seigneur et dont il est fait mention à ce couplet :
Béni soit le Roi plein de gloire
Qui vient au nom de l’Eternel
etc.
est David à la lettre et le Sauveur dans le sens mystique. »

Première partie. Allegro
Un court prélude fait d’abord entendre le thème a, générateur, évoquant la miséricorde divine
Thème a
et le thème b, mélopée, tendant à créer l’ambiance de la foule.
Thème b
Puis éclate dans la force le chant enthousiaste c clamé par les chœurs :
Rendez à Dieu louange et gloire etc.
Thème c
Solo de Ténor d dont le thème est repris par l’ensemble des ténors.
Thème d
Episodes et nouvelle reprise de ce même motif par les chœurs. Développement en canons amenant la réexposition.

Seconde partie. Andante
Entrée et chant doucement expressif par le quatuor e sur lequel vient se greffer un solo de Soprano chantant la bonté merveilleuse et la majesté du Seigneur.
Thème e
Le motif est repris peu à peu par les chœurs. Arrivée sur un solo de Ténor :
Je l’ai prié dans ma détresse etc., accompagné par la harpe et les cordes pizzicati, et parsemé de courtes phrases chantées par le chœur des hommes et celui des femmes alternativement.
Retour au premier thème sous un accompagnement varié. Rappel des motifs du quatuor alternant avec des passages chantés pour amener peu à peu la fin avec le maximum de douceur.

Troisième partie
 a) Allegro con fuoco
Sorte de chevauchée tragique ininterrompue f
Thème f
où David (Basse solo en l’occurrence) entre soudainement par un chant de bravoure :
Des rois les troupes animées
M’ont assiégé de tous côtés,
etc.
La rage des ennemis y est dépeinte. Entrée des chœurs :
Leur camp est un essaim d’abeilles etc.
Tumulte. Cri de haine de plus en plus accentués, galopade dynamique auxquels vient ensuite se mêler la sourde intervention de Dieu. Les éléments semblent alors se déchaîner et c’est presque crié plutôt que chanté que le chœur, dans son ensemble, traduit ces vers :
Mais grâce à l‘Auteur des merveilles
Ce grand feu d’épine est éteint.

Alors, dans un calme tout à coup rétabli et sous de sourds trémolos du quatuor, réminiscences de cette lutte épique, la basse solo (David) réapparaît pour exprimer dans le piano et très simplement :
Je succombais sous leur puissance
Mais le Seigneur m’a secouru.

b) Assez lent
Chœur de femmes a capella précédant un chant d’orchestre très recueilli. La voix de Soprano solo se fait entendre :
Ses soins, ses bontés paternelles
Pour mon repos veillent toujours
etc.
alors qu’un court leitmotiv g entendu dès le début de ce morceau réapparaît à chaque instant pour traduire cette bonté paternelle qui veille toujours.
Thème g
Le chœur vient à son tour et, jusqu’à la fin, par différents épisodes, c’est une voix de recueillement et d’exultation.

Quatrième partie
a)
A l’orchestre, rythme assez lent et pesant, thème de souffrance h
Thème h
précédant le chant de basse (David) sur ces vers :
Il m’a châtié, je l’avoue
Mais comme Père seulement

Ce tableau sombre s’éclaire cependant bien vite (rappel de a) car le châtiment sera utile et devra servir ensuite à louer le Seigneur. Alors se fait entendre le cri enthousiaste de David, répété par les chœurs et soutenu pas les cuivres :
Qu’on ouvre les portes sacrées
De la maison de l’Eternel !
etc.

b) Avec allégresse (thème i) :
La voici l’heureuse journée

Et prenons en elle plaisir
etc.
Thème i
C’est la joie débordante de tout un peuple reconnaissant de l’heureuse journée que Dieu lui a donnée. Déchaînement des rythmes et des timbres, du piano au fortissimo, avec un entrain croissant jusqu’à la fin.

Cinquième partie
a)
Pompeux et enthousiaste.
Début d’un thème scandé et de caractère solennel j.
Thème j
Le chœur chante :
Alléluia !
et (thème k) :
Béni soit le Roi plein de gloire
Qui vient au nom de l’Eternel.
Thème k
L’orchestre et les chœurs procèdent ensuite comme par acclamations jusqu’à ce qu’éclatent ces chants :
Liez le bœuf du sacrifice
Aux cornes de l’Autel sacré
.

b) Solo de Soprano :
Ô Dieu le seul Dieu que j’honore
Sans cesse, je Te bénirai
etc.

c) Fragments chantés sur ces mêmes vers par les trois solistes, alternativement tandis que prend naissance un thème symphonique. Puis les chœurs d’hommes et de femmes reprennent ces vers sur le même rythme l.
Thème l
Le crescendo devient très puissant. Rappel de a. Le grand orgue entre ici pour la première fois dans l’œuvre et, en explosion, vient mêler sa voix à ces chants exaltés. Puis rentre bientôt fortissimo le thème initial chanté c de la première partie, accompagné de timbres et de cloches.
Terminaison dans la puissance sur ces phrases :
Ses bontés dignes de mémoire
Dureront éternellement.

Psaume CXVIII 3e partie, p.90Psaume CXVIII 3e partie, p.91
 Deux pages du Psaume CXVIII, issues de la 3e partie

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