Le triomphe

Les zones en bleu sont interactives.

Pendant les années 1930, Léon Manière compose un drame lyrique en trois actes intitulé Charlotte Corday, sur un livret de Maurice-Charles Renard.

Le Prélude a bénéficié d’exécutions antérieures au Havre, au Casino Marie-Christine le 18 mars 1928, et à Caen les 4 décembre 1928 et 9 avril 1929. Il en est de même pour le duo du premier acte interprété à Caen le 16 mars 1934.

L’oeuvre essentiellement caennaise – un auteur caennais (Maurice-Charles Renard), un compositeur normand (Léon Manière) et une héroïne caennaise (Charlotte Corday) – est choisie pour célébrer le centenaire du Grand Théâtre de Caen, dont Jean Tiberty est le directeur. Toute la ville participe activement à ce grand projet. L’affiche de la représentation est distribuée à travers toute la cité et les commerçants présentent dans leur vitrine, des photos des auteur, compositeur, et interprètes. Il en est ainsi pour les Galeries Lafayette, ou bien encore pour la librairie Marigny et Joli, rue Saint-Jean, qui expose en plus de nombreux documents photographiques, des estampes, lithos et gravures sur Charlotte Corday. Un service spécial d’autobus est mis en place pour faciliter l’accès au Théâtre pour les quatre représentations prévues. Pour célébrer le centenaire du Grand Théâtre, un vin d’honneur est organisé par la mairie de Caen à l’issue de la répétition générale, la veille de la création.
La création est donnée au Théâtre de Caen le 8 décembre 1937. Elle sera suivie de trois autres représentations les 10 et 12 décembre (matinée et soirée).

La distribution est confiée à de prestigieux artistes de sature internationale : Mesdames Marthe Nespoulous de l’Opéra (Charlotte Corday), Andrée Bernadet de l’Opéra Comique (Madame de Bretteville), Deligny de la Gaîté-Lyrique (le petit Robert), Myrto-Libran du Trianon Lyrique (une servante), L. Tabourel (le petit André), R. Béraud (le petit Guillaume), et Messieurs Micheletti de l’Opéra Comique (Robert Lacouture), Paul Cabanel de l’Opéra (Barbaroux), Max Marrio de l’Opéra Comique (le Messager et le geôlier Richard), Rolland de la Gaîté Lyrique (le passant et le commissaire), Ezanno de l’Opéra (le vieillard et le bourreau).
Le compositeur, Léon Manière, dirige les trois préludes, et le chef d’orchestre Elie Schuyer assure le reste.
Les chœurs sont formés par le chœur Balakoff et la chorale d’enfants Bonnet.
La mise en scène est de Jean Tiberty, directeur du Théâtre, et de Rolland, son régisseur.
Les décors sont brossés par Bocherel d’après Gabriel Lepeltier, et les costumes sont de Georges Laisney.

L’auteur, Maurice-Charles Renard, s’est défendu de réaliser une œuvre politique ou historique. Il a voulu écrire « un drame tout nu ou vivent et meurent de pauvres humains manœuvrés par une fatalité inéluctable ». Le compositeur, Léon Manière, a écrit une partition se situant dans la descendance de Massenet et de Messager, par la fraîcheur de la mélodie et la probité de l’écriture. Il excelle dans l’ingénieuse conduite des modulations, pratiquant une harmonie subtile et souvent originale. L’orchestration est riche en couleurs.
Dès l’ouverture de la location, le public s’est rué à l’assaut des billets, et toutes les représentations sont jouées à guichets fermés.
Le soir de la création, avant le début du spectacle, Maurice-Charles Renard présente l’ouvrage : «  Il y a maintenant deux Charlotte Corday, celle qui repose dans la Chapelle expiatoire et celle qui va être présentée ce soir, et qui a aussi vingt-quatre ans. Puisse cette dernière ne trouver aucun Sanson pour lui ôter l’existence. »

Thèmes 1
 Les thèmes de Charlotte Corday

Le succès est total, et la Presse est unanime. En voici quelques extraits :

Sur un poème très soigné de Maurice-Charles RENARD, le compositeur Léon MANIERE a écrit une partition distinguée, d’une belle tenue… C’est une œuvre de qualité qui, à une époque où les opéras historiques reconquièrent la vogue, pourrait remporter à l’Opéra Comique un succès analogue à celui que connaît L’Aiglon au Palais Garnier.
Une soirée réconfortante pour notre art lyrique.
Henry BENAZET (Petit Parisien, 8 décembre 1937)

Le spectacle fut éclatant. Des chanteurs de l’Opéra et de l’Opéra Comique ; Melles Nespoulous et Bernadet, MM Micheletti et Cabanel eurent l’honneur et la joie de faire vivre à nos yeux les aventures de l’héroïne révolutionnaire ; ils furent admirés et acclamés.
Claude HERVIN (Paris-Midi, 9 décembre 1937)

Livret et partition ont obtenu un grand succès, de même que les interprètes venus de Paris Mmes Nespoulous, Bernadet, MM Cabanel, Micheletti, Max Marrio, etc.
(Paris-Soir, 10 décembre 1937)

La répétition générale et la première se sont terminées par un éclatant succès.
(Matin, 11 décembre 1937)

Ce livret traité par un homme qui connaît le théâtre, nous montre quelques instants de la vie – une vie romancée – de l’héroïne de 1793. Entre parenthèses, on n’y voit ni Marat, ni sa baignoire, et c’est fort bien. Pour commenter musicalement un tel sujet, le compositeur n’a pas emprunté leur vocabulaire aux véristes italiens. M. Manière se contente de se laisser guider par les lois de la sensibilité et d’œuvrer en artiste sincère. Sa partition ne manque ni de pathétique, ni de mouvement.
Quant à l’interprétation, elle a été particulièrement remarquable.
CAROL-BERARD (Epoque, 9 décembre 1937)

Le poème si soigné de Maurice-Charles Renard est émouvant à souhait et parfaitement mélodieux… La partition de M. Manière est fluide, prenante, personnelle et surtout d’une incomparable richesse…
Tous et toutes furent très à la hauteur des rôles qui leur étaient confiés. D’innombrables rappels ont témoignés d’ailleurs la gratitude d’un public de qualité.
Henry ROULLEAU (Ouest-Eclair, 9 décembre 1937)

Le second acte où s’accroît le pathétique, selon une progression bien ménagée, a fortement impressionné l’auditoire… Résultat d’ensemble étonnant.
Paul-Louis ROBERT (Journal de Rouen, 9 décembre 1937)

Ce fut la création triomphale d’un opéra-comique qui entre dans la carrière… Charlotte Corday est un chef d’œuvre.
Roger FLEURY (Havre-Eclair, 9 décembre 1937)

Le succès de l’œuvre inspiré au poète Maurice-Charles Renard par la tragique existence de Charlotte Corday et pour laquelle M. Léon Manière a écrit une magnifique partition d’opéra, a été très vif.
Jean LE POVRE MOYNE (Petit-Havre, 9 décembre 1937)

La répétition générale d’hier soir a obtenu un succès éclatant.
(Journal de Caen, 8 décembre 1937)

La première de Charlotte Corday a remporté un magnifique succès.
(Moniteur du Calvados, 9 décembre 1937)

La partition de M. Manière est d’une richesse qui émerveille. Il y affirme une personnalité débordante.
(Pays-Normand, 11 décembre 1937)

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