Léon Manière naît à Dijon le 19 février 1885. Originaire par ses parents de la vallée de l’Ouche, il passe sa jeunesse à Savigny-lès-Beaune où il arrive à l’âge de deux ans. Son père, après avoir été agent de police à Dijon, est fonctionnaire des Postes et vigneron, sa mère quant à elle est cuisinière. Après de bonnes études à Savigny-lès-Beaune, puis à Beaune, il quitte le collège à seize ans. Il rentre comme comptable chez Monsieur Langeron, négociant à Savigny.
Très jeune, il est attiré par la musique et sa vocation naît au sein même de la nature qu’il aime tant. Un voisin lui apprend les notes et des rudiments de solfège ; ses parents consentent alors à lui procurer un piano. Il apprend à en jouer seul. A 12 ans il entre dans la fanfare de Savigny. M.-F. Mourgue, ex-sous-chef de musique militaire à Nuits Saint-Georges, lui donne quelques notions d’harmonie et il commence à composer des petites pièces.
Afin de concilier sa vocation musicale avec les nécessités d’une activité professionnelle, il décide à 18 ans de s’engager dans l’Armée pour y passer les concours de sous-chef, puis de chef de musique.
En 1903, il quitte sa Bourgogne natale à laquelle il demeurera fidèle tout au long de sa vie, et part pour Paris où il est incorporé le 5 mars au 28e Régiment d’Infanterie, basé rue de la Pépinière. Dès le 16 janvier 1904, il est nommé soldat musicien et occupe la fonction de corniste.
En 1905, il se présente au Conservatoire national de musique – tout proche de la caserne de la Pépinière – où il est reçu par Gabriel Fauré. Il y est admis et fréquente alors les classes de Pessard et de Caussade (harmonie), de Paul Fauchet (fugue et contrepoint) ainsi que celle de Paul Ladmirault (composition). Il y acquiert un très solide bagage qui le conduit tout naturellement à une brillante destinée.
Il se marie le 27 octobre 1909 avec Berthe Charles. Ils auront trois enfants : Georges, Maurice et Geneviève.
- Le hasard des affectations successives le fera un Normand d’adoption. Tout d’abord nommé sous-chef à Saint-Lô (136e RI) en août 1907, il accède en avril 1913 à la fonction de chef de musique à Mamers (115e RI) où le surprendra la Guerre de 1914. Au Front, il fera preuve d’un courage et d’une abnégation qui lui valent la Croix de guerre, puis la Légion d’honneur. [Son album photographique au 115e RI est accessible sur le site Chtimiste.]
- La Guerre terminée, il est affecté à Caen au 36e Régiment d’Infanterie. Il y noue de nombreuses amitiés et y rencontre entre autres, l’écrivain Maurice-Charles Renard, romancier membre de la Société des gens de lettre et de la Société des auteurs dramatiques, qui lui soumet un livret d’opéra consacré à Charlotte Corday, héroïne caennaise.
- En 1924, sa carrière militaire le conduit au Havre (129e RI) où il séjourne dix-neuf ans. Léon Manière participe activement à la vie culturelle du Havre. Il assume ses fonctions de chef de musique au 129e RI jusqu’à la fin juillet 1933.
[Dans la vidéo du défilé militaire pour les fêtes de l’inauguration du monument aux Morts les 3 et 4 aôut 1924, mise en ligne par Mémoire normande, Léon Manière apparaît aux côtés des musiciens du 129e RI de la 18e à la 20e seconde.]
- En 1931, la direction de l’Harmonie municipale du Havre lui est confiée. Insufflant une nouvelle dynamique, l’Harmonie acquiert sous son impulsion un bon niveau musical. Elle présente désormais des qualités d’homogénéité et possède d’excellents musiciens. De nombreux concerts aux programmes variés sont offerts dorénavant aux Havrais qui s’y rendent en grand nombre.
- A la mort en 1936 du compositeur Henry Woollett – directeur de l’annexe de la Schola Cantorum fondée au Havre en 1924 par Berthe Duranton – Léon Manière lui succède comme professeur, pour les cours d’harmonie, d’histoire de la musique et de solfège supérieur.
Les nombreux bombardements qui martyrisent la cité le contraignent à s’installer à Paris en 1943 où il résidera dorénavant. Toujours actif, il est un temps à la tête de l’Harmonie La Fraternelle de Caen – il participe à l’organisation du Concours National de Musique durant les fêtes de la Pentecôte de 1947 – avant de prendre la direction de la Musique municipale de la ville de Vincennes.
Léon Manière meurt le 22 mai 1954.
En 1958, le Conseil d’administration de la Musique municipale de Vincennes lui attribue, à titre posthume, la Médaille d’Honneur de la ville de Vincennes.
Le 21 mai 2021 à Versailles, Léon Manière est nommé parrain de la nouvelle promotion des Engagés volontaires sous-officiers musiciens militaires. Le Colonel François Berthe de Pommery, commandant les musiques de l’armée de Terre, lui rend à cette occasion un émouvant hommage dans le discours qu’il prononce au cours de cette cérémonie. Ce choix est une belle reconnaissance de l’œuvre accomplie par le chef de musique Léon Manière, tant pour sa carrière militaire que pour sa création artistique.
→ Léon Manière : l’homme
→ Consulter la Presse suite au décès de Léon Manière
Liens externes :
http://www.musimem.com/biographies.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Mani%C3%A8re